Banane ? Chocolat ? Caramel ? Nature ? J’étais devant le frigo depuis bien sept minutes et trente-huit secondes, et je n’arrivais toujours pas à me décider. Tous ces yaourts, juste là, qui n’attendent que moi. Je sais qu’il ne faut pas laisser le frigo ouvert aussi longtemps, mais j’y peux rien, j’ai besoin de temps pour faire mon choix. J’ai jamais été très bon dans cette pratique. C H O I S I R. Je vous laisse imaginer le temps qu’il m’a fallu pour envoyer mon casting et participer à Secret Story.

J’étais en pleine réflexion, je touchais au but, il ne me restait plus qu’à départager le chocolat du nature (dans lequel j’aurais mis un sucre, bien évidemment). Mais quelque chose m’a tiré par le bras jusqu’au jardin. Je n’ai même pas eu le temps de refermer la porte. Là c’est sur, La Voix va m’en vouloir, le frigo va se mettre à sonner parce que la porte est restée ouverte. Je quittais le frigo des yeux, pour en savoir plus sur ce qui m’attirait loin de lui. Gael. Qu’est ce qu’il me veut ? Et puis pour quoi il me prend pour me tirer comme ça, comme si j’étais son jouet ? Je déteste sa façon de me regarder, je déteste son air supérieur, je déteste ce retour en arrière qui me ramène à mon enfance. Il n’avait pas le droit de me renvoyer dans cette cour de récré. De m’humilier encore une fois. Et je me déteste de ne rien faire pour éviter ça, encore une fois. C’est comme si rien n’avait changé, je suis toujours ce pauvre gamin seul dans son coin, dont tout le monde se moque.

Nous voilà devant la Porte Interdite. J’aurais peut-être dû me renseigner avant de venir dans cette Maison. Selon ce que me dit Gael, elle est toujours là. Et j’ai l’air d’être le seul à l’ignorer. ‘Tu veux être quelqu'un? Ouvre cette porte!’ Ses mots résonnent dans ma tête. J’ai toujours voulu être quelqu’un. Et je n’en ai jamais été capable. J’avais l’impression d’être quelqu’un avec Jake, mais je suis vite redevenu personne. Je sais qu’à ce moment précis, Gael ne fait pas ça pour moi, il me méprise, avec son sourire qui se voudrait bienveillant. Et pourtant j’ai envie d’ouvrir cette porte, pour essayer, pour faire quelque chose, pour devenir quelqu’un. Mais tout ça serait beaucoup trop facile. Ce mec m’attire jusqu’ici, me demande d’ouvrir la porte, et je suis sur le point de le faire. J’entends encore cette voix qui me dit de ne plus me laisser faire. J’ai la main posée sur la poignée.

Ouvre la toi-même, j’suis pas ton bouffon.

Et pour la première fois depuis le début de l’aventure, j’ose le regarder droit dans les yeux. Je le regarde vraiment, je ne suis pas en train de m’imaginer autre chose, d’essayer de me rassurer. C’est lui que je regarde. Et que je défie.

(Il me prend l'envie de répondre, alors je répond !)

Je suis en train de me faire humilier devant des milliers téléspectateurs. Comme si j'avais besoin de ça pour être ridicule. A ce moment précis, je me demande vraiment ce que je suis venu faire dans cette maison. J'ai pas ma place ici, c'est clair. Et surement pas auprès de gens comme ce Gael. Je sais pas pour qui il se prend pour me parler comme ça, pour penser que j'ai besoin de lui pour devenir quelqu'un. Ou quelque chose. Je le regarde toujours, j'ai pas baissé les yeux une seule seconde, je me suis pris chacun de ses mots en pleine face, un par un.

J'ai qu'une envie, me barrer d'ici. Et tant que je suis devant cette porte, je préfère tenter ma chance. Peut-être que je serais viré pour l'avoir ouverte. Même si je suis persuadé qu'il n'y a rien derrière. Je ne quitte pas Gael des yeux, et d'un coup je pousse la porte. J'avais pas l'intention de regarder ce qu'il se passait derrière cette fameuse porte, mais avant de m'éloigner je jette un coup d'oeil. Et je découvre des piles de magazine people. J'aperçois le visage de plusieurs candidats sur les unes, des SECRET STORY partout... Et là, sur ce Closer, le visage de Gael.

Sans prévenir, je laisse Gael devant ce spectacle et rejoins la maison. Il est temps de faire mes valises.