J’ai l’impression que ce jour, est le jour le plus chaud de ma vie. Peut-être est-ce parce que je ne faisais rien. La douche était déjà occupée par je ne sais plus combien de candidats, je m’étais fait devancé, comme un bleu. Je ne saurais dire si l’air conditionné est allumé ou si il n’y avait tout simplement pas. Des vagues brûlantes déferlaient par les baies vitrées. Affalé sur mon lit, baignant dans les rayons du soleil, j’absorbais l’été par tous mes pores comme pour en stocker jusqu’à la dernière goutte. Les heures ou/et les minutes s’écoulaient avec lenteur, et moi je me trouvais à la même place comme un personnage de mmorpg, attendant que sa barre de vie se régénère. Je soupirais en regardant le plafond. Comme je n’avais rien à faire, autant réfléchir à ce que je ferai avec tout l’argent que j’acquerrais si jamais je gagnais ce jeu Alors… Je vendrais mon appartement pour acheter une immense baraque et engagé l’un des meilleurs décorateurs pour aménager les pièces de la maison car bien sur j’aurais la flemme de le faire moi-même. Outre l’essentiel – un lit, une commode, un bureau -, je disposerai d’une télévision à écran plat comme celle qu’il y a ici dans le salon, une salle de bains gigantesque avec Jacuzzi et douche, un balcon avec une vue sensationnelle sur l’océan, sans oublier mon repaire : une salle de jeu équipée d’un deuxième écran plat, des consoles, des jeux-vidéos, un bar avec évier, un micro-onde, un mini-frigo, un lave-vaisselle, une chaîne hi-fi, des fauteuils, des tables, des poufs… la totale quoi.

Soudain, une fille entra en furie dans la chambre en criant mon nom. Oh mon Dieu, oui, merci. J’aillais enfin être tirer de mon ennui mortel. Par cette fille qui accoure vers moi, je ne distingue que ses cheveux virevoltant dans tous les sens, telle Méduse, l’une des trois Gorgones, avec ses cheveux changés en serpents. Mais ses cheveux n’avaient rien à voir avec cette créature mythique. Non. Ils étaient longs, bruns, parsemés de quelques mèches rouges. Je n’étais pas un fétichiste des cheveux, mais je pouvais dire en tout cas qu’ils étaient beaux. J’ignorais si c’était la tendance en ce moment de se colorer les cheveux parce que elles étaient déjà deux, une beaucoup plus que l’autre certes. Ce serait marrant qu’il y en ai d’autres dans le jardin. Des candidats hauts en couleurs…

Tel un chevalier servant, je me levais pour aider la gente demoiselle en détresse. En me levant, je tapotais mon lit des deux mains. Allons-y ! Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle elle avait besoin d’aide mais j’étais à sa disposition. Rien de m‘empêchera de faire ma bonne action du jour.

- Oui avec plaisir ! Pour quel raison, veux-tu de mon aide ? Énorme araignée dans le salon ? Lézard ? Caméléon ? D’ailleurs quand j’avais neuf ans, j’en avais un caméléon. La classe, non ? Je l’avais appelé Yoda. Je l’avais même emmené à l’école…

Voir son visage si rayonnant, me fit sourire à mon tour. Ça fait plaisir, de faire plaisir ! Elle me regarde de la tête aux pieds. Quoi j’ai oublié de mettre mon pantalon, mon caleçon ? Je baisse la tête, non tout est normal. Chemise, jean, par contre je suis pieds nus. Peut-être que je pus des pieds ? Non, elle n’a pas l’air de froncer le nez. Ça doit être autre chose, bon tant pis… Je me gratte l’arrière de la tête. Elle cri. Hmm, ok. Elle a si peur des araignées que ça, je n’ai fait que poser des questions. Je n’ai jamais dit qu’il y avait des araignées dans le salon. Je n’en savais rien après tout, je n’ai pas été vérifié. Je ne portais pas d’attention à ces bestioles-là, d’ailleurs il pourrait avoir n’importe quelle bêbêtes que je m’en ficherais. Je les prendrais dans la main pour leur rendre leur liberté dans la nature pour pas qu’elles se fassent écrasées par un des candidats. Ah mais non, je ne pourrais pas on n’a pas accès à l’extérieure… Puis de toute façon, si nous on ne peut pas sortir, les bêtes ne peuvent pas entrés ! Question de logique.

- Calme. Déstresse, non je n’ai pas vu d’araignées dans le salon. J’ai juste émis l’hypothèse que… Désolée, je t’ai vu accourir vers moi en criant mon nom et vu que tu es une fille j’ai tout de suite pensé que tu avais vu une araignée dans le salon… Oki doki, je ne dirais plus des choses comme ça.

Bon, je ne peux pas le promettre, je ne contrôle jamais ce qui sort de ma bouche. Tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler ? Connait pas ! Et ben dis donc, c’est que je la mets dans tous ses états la Fred’, la voilà maintenant toute livide. Mais non, ce n’est pas dégueulasse les grandes langues ! J’ouvrir la bouche pour protester.

- Mais non c’est pas dégueulasse vois les bons côtés. Moi je trouverais ça cool d’avoir une grande langue, je pourrais faire plein de choses avec. Lécher le fond de mon pot de yaourt par exemple. T’as du avoir vu Raiponce, non ? Je suis sûr que tu l’as trouvé mignon, Pascal le caméléon !

Jean-Paul, comme Jean-Paul Sartre pour un poisson ? Et en plus elle était petite ? Moi quand j’étais petit, je ne connaissais pas Jean-Paul Sartre. Je connaissais Jean-Paul Gauthier, Jean-Paul Foucault… Ah non c’est Jean-Pierre Foucault. Je connaissais aussi Jean-Paul II et c’est tout.

- Hum, tu avais des discours philosophiques avec ton poisson ?

Simple question, c’est sorti tout seul. Je la regarde. Parler de tout et de rien, pouvait s’avérer utile car c’est comme cela que je pouvais trouver des secrets. Peut-être que le secret de Fred’ avait un rapport avec les poissons rouges. Je suis une éleveuse de poissons rouges réputé. Je communique avec les poissons rouges. Il ne faut négliger aucunes possibilités. Je commence à la suivre dans les couloirs soudain je m’arrête distrait par un tableau. Les tableaux n’étaient pas censés contenir des indices sur les secrets ? Je penche la tête quand soudain Fred’ me demande si je la suis.

- Oui, oui.

J’accoure auprès d’elle. Je me concentrerais sur les tableaux plus tard. Enfin on arrive au salon et elle m’explique la raison pour laquelle elle voulait mon aide. Déplacer une table ? C’est tout ? Je ris légèrement à ses derniers propos.

- J’ai très bien conscience que je suis loin d’être l’homme fort de la maison. Tu n’as pas besoin de me flatter pour bénéficier de l’aide de ma part, tu sais.

Je lui souris. Son regard de chat botté, me fit sourire de plus belle. Comme c’est mignon.

- Bon mon petit chaton, allons-y, déplaçons cette table ! J’espère juste qu’elle n’est pas cloutée au sol ! Au faite pourquoi tu veux la déplacer ?

En attendant sa réponse, je me mis en position pour pousser la table. Espérant tout de même qu’elle n’était pas cloutée au sol sinon on passerait pour des cons devant la France entière.

Je souris de toutes mes dents. Bien sûr que les poissons ne parlaient pas tout comme un caméléon ça ne parle pas. L’industrie Disney faisait croire n’importe quoi aux enfants. Les animaux ne parlent voyons, c’est comme ça qu’on se retrouve avec des gamins qui vont chez les psy parce qu’ils ne parlent à personnes d’autres qu’à leurs animaux de compagnies ou avec des filles qui cherchent désespérément le prince charmant et des garçons qui rêvent de partir à l’aventure et tuer un dragon. Puis les Disney transposé à la réalité ce n’est pas compatible. Ça donne carrément des mauvais exemples. Blanche Neige habite avec sept mecs, Tarzan est à moitié à poil, Cendrillon rentre à minuit, Pinocchio passe son temps à mentir, Aladin est le roi des voleurs, la Belle aux Bois Dormant est une grosse flemmarde, le petit Chaperon Rouge n’écoute pas sa mère et sort quand même. C’est pas fameux tout ça…

Certes j’avais très bien conscience que je n’étais pas l’homme fort de la maison, mais j’étais grand et ça m’aidait à ne pas complexer pour mon manque d’abdos. Un mètre quatre-vingt ce n’est pas donné à tout le monde. Le seul à être gentil, elle marque un point. J’ai l’impression d’être un Bisounours face à Baptiste et David. J’espère que les garçons qui sont coincés à l’extérieures sont plus abordables que ceux d’ici. Sa dernière phrase me troubla, c’est moi où elle s’emmêle les pinceaux ? C’est suspect, si ça se trouve c’est en rapport avec son secret. Il faut que je lui pose la question pour voir sa réaction.

- T’es un transsexuel ? T’as un zizi ?

En plus j’étais très sérieux, je crois que je tiens son secret. En plus Fred’, ça peut être féminin comme ça peut être masculin. Frédérique. Fréderic. Ouais ça tient la route ! Trouver un secret dès les premiers jours, c’est trop la classe !

Faire une espèce de cabane, c’est cool ça. C’est une bonne idée. Moi j’aurais plutôt fait une cabane avec des matelas. Mais avec des coussins ça doit marcher aussi. Pourquoi pensait-elle que j’allais partir maintenant que je connaissais la raison ? Je ne voyais aucune raison de partir, moi.

- Non, je ne partirais pas. Mais je t’aide que si tu m’invite dans ta cabane après.

C’est équitable en plus. Puis comme ça dans la cabane, comme c’est étroit je pourrais vérifier si elle possède un appareil masculin ou pas. Je ne vais pas toucher non plus, c’est juste que maintenant j’ai conscience que ça pouvait être son secret, je penserais plus à regarder à cet endroit-là, discrètement bien sûr pour pas qu’on me prenne pour un pervers. Je suis loin d’être un pervers, je me suis jamais mis nu sous un ciré jaune.

Même si je n’avais pas compris ce que Fred avait dit, j’avais aperçus son ton dur et froid. Je crois que j’ai à nouveau fait une bourde. Je suis vraiment une patate ! Oui une patate en plus d’être un idiot, un abruti, une andouille, un couillon, un imbécile. Pourquoi faut-il sans cesse que je dise les choses qu’il ne faut pas ? Parler avant de réfléchir ? Qu’est-ce qu’il m’a pris ? Non mais ça aurait dû faire tilt dans ma tête. Que c’était la chose à ne jamais demander à une fille. Et qu’est-ce que je fais-moi ? Je demande, comme ça l’air de rien. Enfin, non. Je ne lui avais pas demandé l’air de rien, j’avais plutôt adopté un ton sérieux. Comme si je lui avais demandé les réponses à un exercice de mathématique par exemple. J’aurais dû demander ça en rigolant ou en glissant cela subtilement dans la conversion. Non. En fait, j’aurais rien dû dire du tout. J’aurais dû faire comme les espions, agir discrètement sans que personne ne se doute de rien. Et attendre qu’elle se mette en maillot de bain, et j’aurais eu réponse à toutes mes questions en un regard discret derrière mes supers lunettes de soleil. Ni vu, ni connu. Mais au moins là sa réaction a effacé tous mes soupçons. C’est bien beau tout cela mais maintenant comment je fais pour rattraper ce faux pas ? Elle sourit mais je me doute bien que c’est un faux sourire, le sourire que tu fais quand ça ne vas pas et que tu ne veux pas le montrer. Je me sens affreusement coupable, je me sens mal, très mal. Mais ce n’était rien comparé à ce que Fred devait ressentir. Je ne voulais pas la blesser, je ne suis pas quelqu’un de méchant au contraire… Il faut que je m’excuse et bien ! Mais avant je devais prendre le temps de réfléchir à quoi dire pour pas empirer la chose pour pas dire une connerie à nouveau. J’avais conscience que même en m’excusant ça ne va pas rétablir la situation en un claquement de doigts, ça ne vas pas lui faire oublier. Les filles sont connues pour avoir une très bonne mémoire pour ce genre de chose. Fred’ était douée pour faire comme si de rien n’était, continuant à parler.

- Oui du jus bleu chimique et sucré, c’est cool ça. C’est même schtroumpfement cool !

La table daigna enfin se bouger. Je l’aidai à rassembler les coussins, même il faut l’avouer elle était beaucoup plus rapide que moi. Sur le moment, j’avais l’impression d’être la tortue à côté du lièvre. Si seulement, j’étais réellement une tortue, je me serai directement enfoui sous ma carapace. La couverture. Pour le toit. Ok.

- Oui, bien sûr ! Je vais la chercher.

Je me levai hâtivement pour aller dans les chambres pour prendre une couverture. Peut-être bien qu’elle en avait déjà prévue une et il y  en avait une dans le coin mais il fallait que je bouge. Que je m’éloigne un peu pour réfléchir à comment vraiment m’excuser. Dans le couloir, j’eu une idée mais d’abord je vais chercher la couverture. Couverture dans les bras, je pris une fleur qui était dans un vase. Par contre je ne savais pas si c’était une vraie ou une fausse mais peu importe, c’est le geste qui compte pas vrai ? Je cache la fleur derrière mon dos. Arrivé dans le salon, je pose la couverture d’une main à côté de la pile de coussin, je mettrai la couverture après. Je me mis à genou en face d’elle et sortit la fleur de derrière le dos lui tendant.

- Voulez-vous accepter toutes mes excuses, gente damoiselle ? Je reconnais être un gueux, un coquebert… Vous n’avez rien d’un homme, je ne sais point ce qu’il m’a pris de vous poser telle question.

Ma connaissance du vocabulaire moyenâgeux avait ses limites mais j’espère qu’il suffira. J’espère qu’elle acceptera mes excuses parce que sinon j’aurais l’air con ainsi à genoux tendant une fleur. Mais à vrai dire, je n’en avais rien à faire de me ridiculiser devant la France entière, tout ce que je voulais c’est de me faire pardonner, c’est tout ce qu’il m’importait. Après je pouvais toujours retenter de m'excuser mais de façon plus compréhensible, en français d'aujourd'hui quoi

Fred’ se mit soudainement à rire, ce qui me rendit le sourire. Je me sentais mieux tout d’un coup, les yeux pétillants. Elle avait l’air touchée par mon geste, ça fait plaisir de faire plaisir. Toujours essayer de rattraper ses erreurs ! « Je ne suis pas sure de pouvoir vous pardonner preux chevalier. La parole fait parfois plus de ravage que les actes. ». Je m’en serais bien douté. Quand tu fais tomber une assiette et qu’elle se brise en morceaux tu as beau t’excuser, elle ne se répare pas pour autant. Je hoche la tête. Mais elle semble vouloir me pardonner quand même. D’un coup, je me sens plus léger. J’avoue que j’ai eu de la chance de trouver une fleur, ici franchement. Je ne sais pas ce que j’aurais bien pu faire pour me pardonner à la place. Puis vint le tour des questions. Elle veut vraiment que je lui dise ce que je pense d’elle physiquement ? Je ne pense pas être la personne la mieux placée pour répondre à cela, mais oui ok. Je serais franc comme à mon habitude. Je me lève secouant mon pantalon pour éliminer toutes traces de poussières et m’asseyais à côté d’elle et la regardais dans les yeux pour lui prouver ma sincérité.

- Eh bien, je pense que tu es très belle. Ma question était loin d’être fondée, c’était juste à cause d’une de tes phrases, je m’en excuse encore. Rien à voir avec ton physique. Je ne voulais pas te blesser. Tu es féminine, oui. Désolée, il y a des fois où le jeu nous monte complètement à la tête et on voit des choses là où il n’y en a pas. Si ça peut te rassurer, même si tu serais le stéréotype même de la poupée Barbie, sur le moment je t’aurais quand même posé la question. Comme tu as pu le remarquer, je parle souvent - pour ne pas dire toujours - sans réfléchir.

Je ne savais pas quoi dire d’autre, j’étais loin d’être à l’aise avec des questions comme celles-ci.  Et c’est surtout que je n’avais pas l’habitude qu’on me la pose. Bon peut être qu’il était temps que la cabane ait enfin son toit, non ? Je me lève en prenant la couverture et la pose délicatement sur les coussins pour pas que tout s’écroule, ce serai dommage. J’ai déjà fait assez d’erreurs comme ça pour la journée.

Je la suivis dans la cabane, ma main dans la sienne et je l’imitais en m’asseyant en face de Fred. Cela me faisait plaisir qu’elle garde ma fleur, enfin la fleur que j’ai trouvé au sein de la maison des secrets. Elle semble m’avoir pardonnée. Encore une preuve qu’elle n’était pas comme les autres filles. Désormais j’avais bien conscience que si j’avais accusé une autre fille d’être une transsexuelle, celle-ci m’aurais giflé et ne m’aurais pas pardonné même si je lui aurais amené une fleur tentant de m’excuser. J’aurais récolté autant de gifles que Jack Sparrow.

Et à mon grand étonnement, voilà qu’elle se confiait à moi. Je retombais soudain en enfance. Quand, j’étais gamin, j’avais une petite cabane dans les bois. Une vraie de vraie, comme dans les films, dans les arbres ou sur un arbre, je ne sais pas vraiment quel est le terme le plus approprié. On était trois à la posséder. C’est d’ailleurs le père d’un, qui nous l’a construite, il était un sacré bon bricoleur et en plus il était employé chez le Mr. Bricolage de la ville.. Il n’y avait qu’une seule règle dans la cabane, et elle était écrite sur un espèce de panneau en bois planté au pied de l’arbre. En plus c’est moi qui l’avais écrite mais par contre ce n’est pas moi qui l’ai inventé au contraire, je m’en serais bien passé. « INTERDIT AUX FILLES ! » Voilà ce qui était écrit en rouge pétant, avec même une tête de mort. Maintenant que j’y pense, c’est vrai que la tête de mort était moche, elle ressemblait plus à un cupcake qu’à une tête de mort. Puis en plus ce n’était pas moi qui l’avais dessinée. Mais en tout cas ce n’était pas étonnant que ça attirait les filles plus que ça ne les repoussais. D’ailleurs, elles ne cessaient de me demander à moi de les faire monter dans cette cabane, quand les autres ne sont pas là. Elles savaient que j’étais le maillon faible de la bande, en ce qui concerne les filles bien sur parce que pour d’autres choses je les dépassais largement. J’étais aussi leur confident, comme si j’étais une peluche, la peluche à laquelle elles parlaient le soir avant de s’endormir. J’ai eu mon premier baiser dans cette cabane. C’était cette petite fille aux cheveux blonds comme les blés qui ne cessait de passer à côté ou plutôt en dessous de la cabane sans jamais demander à y monter, c’était d’ailleurs la seule qui n’est jamais demander. Puis un jour, je lui ai proposé et ses yeux se sont mis à pétiller, comme si elle n’avait attendu que ça. Comme si, chaque jour elle avait fait exprès de passer à côté, juste pour que je lui demande. Cette fille, je ne la connaissais pas, elle n’était pas dans l’école de la ville. Non. Au fur et à mesure de ses visites dans cette cabane, toujours quand les autres garçons n’étaient pas là, j’avais appris à la connaitre. Pas de maîtresse pour elle, c’était ses parents qui lui enseignaient tout. Elle vivait dans une caravane, c’était comme, on les appelait, des gens du voyage. Un mois après, elle me confia qu’elle allait partir pour aller vers d’autres villes, vers d’autres pays. Alors un jour, j’ai ramené des bougies dans la cabane, j’avais même acheté une grande bougie bleue céleste. Elle était impressionnée et elle avait ces petites étoiles dans les yeux. Mais aussi elle avait un peu peur, peur que ça prenne feu et moi je ne cessais de dire : Mais non ça vas pas prendre feu, avec un sourire à la Flynn Rider. Mais une demi-heure après le premier baiser échanger, ça avait pris feu comme elle l’avait si bien dit. Heureusement on est sortis indemne sans brûlures, rien mais je ne pouvais pas en dire autant pour la cabane. Pouf tombée en poussière.

- Tu as donc une sœur jumelle ? Ca fait comment d’avoir une jumelle ? J’ai toujours trouvé les jumeaux fascinant. Et je rêvais même parfois d’avoir un frère jumeau. Ça doit être vachement cool ! Sinon, se faire passer pour quelqu’un d’autre, jouer un rôle, ouais c’est vrai que c’est amusant du temps que ce n’est pas à long terme. Ce serait dommage de se perdre soi-même. J’ai du mal à t’imaginer avec les cheveux courts, faudra que tu me montre une photo. Moi personnellement, je crois que je n’ai jamais pensé à vouloir être une fille. Ah si, peut être une fois. Je me demandais ce que ça faisait d’avoir le pouvoir de donner la vie. Je respecte beaucoup les femmes pour cela. La Terre est repeuplée chaque jour, grâce à elle, grâce à vous. Tu as déjà accouché ? Mais sinon oui, elle est trop cool notre cabane ! Oui, je vois même si il n’y a pas vraiment de raisons d’être protégés de quoi que ce soit. Il y a des caméras, et alors ? Elles ne font que retranscrire ce que nous sommes. Et les téléspectateurs peuvent bien nous aimer, nous détester mais à quoi bon s’en préoccuper ? Nous vivons pour nous et non pour eux. Il faut s’assumer tel qu’on est.

Je pris la fleur qu’elle me tendait, pour mieux la sentir, pour mieux la toucher. Oui elle était bien en plastique. Tout à l’heure en la prenant, je n’y avais pas vraiment porté attention, tellement je me hâtais de la lui donner pour qu’elle me pardonne. Je souriais à son compliment.

- Merci ! Ça pour être un vrai chevalier, je suis un vrai Chevalier !

Elle ne comprendrait surement pas, cette exclamation sonnerait peut être narcissique pour elle mais ce n’était pas le cas. C’est juste que Chevalier, c’est mon nom quoi, mon nom de famille. Et du coup pour une fois, je trouve ça marrant. Mais mon amusement céda vite à mon étonnement, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle me pose cette question. Je rougis, oh mon dieu, ça doit faire des lustres que ça ne m’était pas arrivé de rougir. Je hochais la tête presque timidement. Puis à mon tour, je lui chuchotais à l’oreille ma réponse.

- Oui, je crois que oui. Jamais je n’aurais pensé tomber amoureux ici dans cette émission. Ici où la manipulation et la stratégie sont de mise. Je crois même que ça  a été le coup de foudre. Nous avons un Cupidon express dans la maison.

Oui le coup de foudre sans doute, dès qu’il avait glissé sa main dans la mienne pour m’entrainer vers la piscine lors de cette soirée mousse, d’ailleurs Fred était même à ses côtés avec son serre-tête Minnie. Puis quand on a eu notre premier baiser alors que je revenais de la Salle d’Attente Sadomasochiste. Ce baiser était juste magique, irréel, qui ne laissait douter qu’il y avait de vrais sentiments là-dessous.

- Oui, je suis amoureux. Si tu comptes me demander de qui, je te répondrais, à toi de le deviner.

Oui, je suis amoureux. Oui j’aime Felix. Et je crois bien que c’est là maintenant que je m’en rends vraiment compte. Mais je ne dirais pas son nom à Fred, j’aime bien savoir avec qui les gens me verrait bien.

- Et toi est ce que tu es amoureuse ?

J’avais touché un point. Avec une question qui se voulait anodine, cela se voyait clairement que je tenais quelque chose. Fred ne m’avait pas répondu clairement, elle avait trouvé une alternative. Intelligente mais cela n’est pas passé dans l’oreille d’un sourd. Malgré cela, sa réponse était tout aussi intéressante. Bien que je fusse déjà au courant de la nature de son métier, l’écouter en parler était captivant.

Amoureuse d’Ana ? Vraiment ? Je ne le savais pas, d’autant plus qu’il me semblait que Ken aussi ressentait des sentiments pour elle. Un triangle amoureux dans la maison ? Mais en y réfléchissant bien, c’est vrai que je voyais mieux Ana avec Fred… Puis la façon, dont elle a énoncé son prénom c’est sure qu’il y avait aucun doute sur la nature de ses sentiments. Un sourire se dessina sur mon visage. Ainsi elle avait deviné pour Felix et moi ? Ce n’est pas que je le cachais mais je ne pensais pas que c’était si voyant. C’est donc pour cela qu’elle s’était mis à rire quand je voulus faire mon mystérieux… Ce n’est pas bien de se moquer Fred. Je secouai la tête de droite à gauche pour répondre à ses questions.

- Pourquoi devrais-je av…

Soudain sa question prit un tout autre sens dans mon esprit. Est-ce que tu as peur pour Felix ? Les larmes commencèrent à me monter aux yeux.

- Je… Je…

Puis elle enchaîna ses questions. Ses questions qui étaient si imprévisibles auxquelles je ne m’y attendais pas et pourtant… Et elles étaient si… Je n’allais pas tarder à exploser, à craquer. Il fallait à tout prix que je parte d’ici, de cette cabane. De Fred et de ses questions. Mes larmes avaient déjà commencé à couler sur mes joues. Sans un mot, je partis de la cabane. Je devais avoir l’air suspect comme ça mais même en restant dans la cabane et en affrontant ses questions mon secret n’aurait pas fait long feu. Il y avait bien les mensonges mais aucun mensonge n’est infaillible. C’était plus facile de fuir, d’autant plus que Fred pourrait se méprendre sur la raison.

FIN DU RP