AARYA & ANA - same mistake.

Ana est nominée d’office la semaine prochaine. Encore et encore, j’entends La Voix prononcée cette phrase, un écho interminable dans mon esprit. Je me suis mise en danger toute seule en grattant ces tickets. Et maintenant je me retrouve nominée. Je ne me suis laissée aucune chance. Pourtant je savais que je n’avais jamais eu de chance pour ce genre de choses. Il n’y a qu’à voir mon secret. Pourtant j’ai tenté quand même. Le risque m’attire, et je suis incapable d’y résister. Et je m’en veux, je me sens si coupable. Je suis tellement bien dans cette maison. J’ai l’impression d’avoir laissé ma vie dehors, tout ce tourbillon n’a pas passé la porte. Enfin presque. Non en fait toute ma vie m’a suivi ici. Je n’en peux plus de toutes ces contradictions, je déteste être aussi contradictoire. Ana est nominée d’office la semaine prochaine. Ca tourne en boucle, je tourne en rond. Je suis nominée, sans que personne d’autre que moi n’ait eu besoin de faire quoique ce soit. Et maintenant, la peur de quitter l’aventure me bouffe de l’intérieur. J’essaye de profiter de cette éventuelle dernière semaine, comme tout le monde le conseille, mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Au prochain prime, je partirais peut-être, je les quitterais tous. Et tout deviendra souvenirs, éphémères. Et Fred… Ana est nominée d’office la semaine prochaine. Mais comment ai-je pu faire ça.

Je suis allongée dans la piscine, sur un matelas gonflable, profitant du soleil qui chauffe ma peau. Les yeux fermés, j’essaye de relativiser. De repenser à ma vie avant Secret Story. A peine une semaine et j’ai déjà l’impression que ça a changé ma vie. Peut-être que ça m’a redonné envie. Mon matelas se met à bouger, à partir un peu à droite, quelqu’un vient de perturber le calme qui régnait à la surface de l’eau. Je tourne la tête doucement, pour ne pas tomber dans l’eau, et je découvre Aarya. Un sourire illumine mon visage, personne d’autre ne peut comprendre aussi bien qu’elle ce qui se passe dans ma tête. Parce qu’elle a subi le même sort. Nous sommes toutes les deux nominées d’office.

Hey rainbow. Comment tu vas ? Je lui souris, un peu tristement, d’avoir subi ce triste hasard du jeu avec elle.

C’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à passer à autre chose. Cette nomination d’office me touchait certainement plus que nécessaire. Je m’étais nominée toute seule, par hasard, parce que je n’avais pas eu de chance. Tout comme Aarya. Personne n’avait souhaité notre départ, personne n’avait cité notre nom dans le confessionnal, même si ça aurait peut-être été le cas si… si nous n’avions pas gratté ces stupides tickets. Je déteste le hasard, l’arbitraire, l’aléatoire. Je déteste que la vie se joue comme ça, par hasard. Je me repositionne doucement sur mon matelas gonflable, et je reporte mon regard vers le ciel. Je ne veux pas qu’elle puisse y lire la peur qui me tord les tripes depuis le prime.

J’aimerais tellement penser comme elle. Profiter au max de la semaine. Pour ne rien regretter, pouvoir me dire que j’avais vécu mon aventure à fond. Mais je n’aurais fait que me mentir. Parce que j’aurais forcément des regrets. Parce qu’à cause d’un ticket, je risquais ma place. Parce qu’à cause de ce ticket je serais peut-être de retour chez moi la semaine prochaine. Simplement à cause d’un ticket à gratter, j’avais mis ma place en danger, et je le regretterais toujours. Parce que ce n’est pas juste. Je n’avais aucune idée de ce que le public pensait de moi à l’extérieur. Mais lorsque je repensais à cette semaine passée, la panique m’envahissait encore plus. Parce que ce qu’ils avaient vu de moi ne jouait pas vraiment en ma faveur, je le savais. Je me suis cachée dans le confess le premier soir. J’ai agi tel un zombie dans la salle de bain avec Fred. J’ai pleuré devant elle, deux fois. Et je ne pense pas que la bataille avec Ken dans la cuisine, ou même l’épisode des crêpes ratées avec Anae ne rattrape ça. Ils me voyaient surement comme la bizarre de la maison, celle qui était incapable de vivre l’aventure à fond, sans se poser de question. Alors qu’au fond je ne cherchais pas à comprendre. Je vivais, je réapprends à vivre. Mais ce n’est pas si simple.

Les yeux rivés vers le ciel, je laisse les mots s’échapper. J’ai peur. Peur de partir. Je crois que.. je ne le supporterais pas. J’ai peur, vraiment. Dis-moi que tu as peur toi aussi. Que je suis pas folle. Je n’ose pas la regarder. Je n’ose plus regarder personne.

Le matelas glisse sur l’eau au rythme de ses mouvements, les mouvements d’Aarya qui se dirige vers moi. Comme moi, elle a peur. Elle ne veut pas partir. Aucun de nous ne le veut. Mais certains l’accepteraient plus facilement que d’autres. Je n’ai pas envie de m’effondrer devant tout le monde lors de ma sortie. Devant eux, avec qui j’aurais passé deux semaines de ma vie, mais qui me semblaient déjà tellement importants. Et devant tous les autres, le public, les téléspectateurs. Les autres. Pourtant je doute fortement d’avoir la force de partir avec le sourire, comme si j’acceptais le fait de devoir quitter l’aventure, suite à une nomination due au hasard. Je ne l’accepterais pas, c’est certain, mais je n’aurais pas d’autre choix que de partir. Et j’en suis terrifiée.

Alors savoir que je ne suis pas seule dans tout ça me rassure. Ca ne me fat pas du bien, parce que savoir que quelqu’un d’autre a mal comme vous ne fait pas du bien, c’est juste triste. Mais je suis pas seule ici, et ça, ça me rassure. Et allongée là, en équilibre précaire sur ce matelas gonflable, avec Aarya à mes côtés, je me sens mieux.

J’espère, vraiment. J’espère qu’on rentrera. On a encore plein de choses à vivre ici. J’espère qu’on rentrera.

Et je serre sa main. Je ne sais pas vraiment quels résultats je souhaite pour les éliminations. Parce que si par chance je reste, il y aura forcément quelqu’un que j’apprécie qui quittera la maison. Dans tous les cas, la fin du prime ne me plaira pas. Et dire que ce n’est que le début… Perdue dans mes pensées, j’atterris dans l’eau sans même savoir comment, embarquant Aarya avec moi, car je n’avais pas eu le courage de lui lâcher la main. Le matelas s’est retourné, comme ça. Comme si nous étions destinés à nous retrouver la tête sous l’eau, elle et moi, de toutes les manières possibles. L’ironie du sort. J’étais alors prise d’un rire nerveux, incontrôlable, interminable.