KEN & ANA -

Il est de ces moments où l’on aime être absent, être là sans être là, se mettre dans un coin et se faire oublier. Je crois que ce genre de moments m’arrive un peu plus souvent que la moyenne, mais j’ai arrêté de lutter contre ça depuis un moment. Aujourd’hui, en plein après-midi, je m’étais installée sur mon lit, feuille et crayon en main, et j’avais commencé à dessiner. Je prétendais souvent que lorsque mes mains étaient occupées à écrire ou dessiner, ou plutôt gribouiller, mon esprit s’apaisait. Mais c’était faux. En réalité c’est peut-être là qu’il était le plus actif. Je laissais le crayon glisser sur le papier, sans trop savoir ce que je faisais, perdue dans mes pensées. Je pensais à l’aventure. A tout ce que j’y avais déjà vécu. A tous ceux que j’avais déjà rencontrés. A Félix, que je ne connaissais pas vraiment mais que j’aurais aimé garder avec moi pour toujours, aussi bizarre que cela puisse paraître. Et bien sur à elle. Fred. Le trésor de la maison, mon trésor. Et Ken. Nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de se retrouver seuls depuis la salle csa. C’est à peine si j’osais le regarder maintenant, après la révélation du buzz de Fauve sur Fred et moi. Ce que j’avais dit ce jour là. Je ne sais plus ce qu’il pense. Je ne l’ai sans doute jamais su au fond. Je ne suis pas sure de vraiment le comprendre. De l’avoir déjà compris. Tous les autres gardent leur distance avec lui, et moi… Moi j’ai envie qu’il me parle, qu’il me fasse confiance. Et j’ai envie de lui faire confiance.

Alors que mes yeux étaient rivés sur ma feuille depuis le début, je voyais seulement maintenant ce que j’étais en train de dessiner. Une tortue. J’ai dessiné une tortue. Inutile que je me pose la question, je sais ce que cela signifie. J’ai besoin de lui parler, de savoir s’il me déteste, si je l’ai déçu, si je l’ai fait souffrir, ou si tout ça n’était qu’un jeu. Mais je n’ai pas le courage d’aller vers lui. Déterminée, je me lève de mon lit et me dirige vers le dressing, avec l’intention de glisser ce stupide dessin enfantin dans les affaires de Ken. Quelle était la probabilité pour que je me retrouve nez à nez avec lui en entrant dans ledit dressing ?

Ken. Ça va ?

Ça va ? ça va ?? non mais vraiment, ça va ? Tu n’as rien trouvé de mieux que ça Ana ? Ma main se resserre sur le dessin, alors que mes yeux ne le quittent pas.

Spoiler:

Le voir aussi enjoué me fit sourire. Je le regardais danser, ou plutôt se tortiller dans tous les sens, au rythme du silence relatif de la maison. Il avait l’air de si bonne humeur que j’aurais préféré le laisser rayonner dans ce dressing et aller jeter ce dessin à la poubelle. Pourtant les nominations étaient encore une fois contre lui. Encore une fois il se retrouvait en danger. Je ne comprenais pas comment il pouvait trouver la force de danser joyeusement. Je voulais savoir comment il vivait tout ça, le fait d’avoir la preuve encore une fois que les autres candidats souhaitaient le voir partir. Je voulais qu’il me parle, mais en même temps, je n’avais pas envie de casser sa joie de vivre. Mon sourire était sincère, mais je ne pouvais pas répondre aussi sincèrement que lui à sa question. Je ne pouvais pas juste lui répondre que j’allais bien. Parce que ce n’était pas vrai, et si je lui mentais, je ne pouvais pas espérer qu’il soit sincère avec moi.

Alors je lui tends mon dessin enfantin.

Tiens, c’est pour toi. Souvenir. Pour que tu te rappelles qu’il y a quelqu’un qui tient à toi dans cette maison.

J’aurais pu lui dire que je n’avais pas envie qu’il parte, que j’aurais aimé que les autres le voient comme je le vois. Mais… je n’étais toujours pas persuadée que j’étais celle qui le voyait comme il fallait le voir. J’étais peut-être celle qui se trompait. Ils avaient peut-être tous raison, c’était tellement plus logique…