Parce que c’était elle, parce que c’était moi. Que fallait-il dire de plus que cela ? Fallait-il nous justifier, donner une raison, expliquer l’inexplicable ? Nous n’étions que deux personnes qui se sont rencontrées à un point fixe de l’espace et du temps. Rien d’autre que deux personnes que rien ne prédestinait à se rencontrer. Rien n’aurait dû nous faire nous rencontrer. Nous ne vivions pas dans la même région de la France, nous ne partagions pas de transports en communs, et nous n’avions pas le même âge. Nous n’aurions jamais dû nous rencontrer. Et pourtant nous étions là toutes les deux. Et nous nous étions rencontrées. Et nous avions compris.

Ce que nous refusions d’admettre, ce que nous ne comprenions pas au départ, tout s’était imposé de soi-même. Ce sentiment confus, de ceux que l’on cache parce qu’on a peur, ce sentiment confus que l’on ne veut pas écouter parce que l’on veut se protéger de l’autre et de soi. Ce sentiment qu’on ne peut bientôt plus oublier, qu’on ne peut bientôt plus laisser de côté, ce sentiment qui nous avait envahies sans qu’on le demande.

Cette promesse insensée que l’on s’était faite, cette promesse que l’on ne doit pas faire à une inconnue, cette promesse qui nous avait liées. Qui nous avait liées à tout jamais. Nos mains qui se tenaient et qui ne se sépareraient plus. Nos mains, l’une dans l’autre, qui refusaient de se lâcher depuis ce moment. Je savais pour elle et je savais qu’elle savait pour moi. Parce que j’avais compris et parce qu’elle avait compris. Rien d’autre ne comptait. Le jeu n’existait plus, nous écrivions nos propres règles, notre propre jeu. Les secrets n’existaient plus, nous n’étions plus que deux êtres. Deux âmes. Liées par un seul et même sentiment profond. Et par une promesse. Celle de ne jamais abandonner. Celle de ne jamais laisser tomber.

J’avais foi en elle plus que je n’avais eu foi en personne. Je voulais tenir sa main dans la mienne chaque jour de ma vie, et la soutenir à chaque instant. Je voulais devenir son pilier et qu’elle reste le mien. Si c’était malsain ou mauvais, je m’en fichais. Si l’on parlait de nous et ce que l’on en disait, je m’en fichais. Il n’y avait qu’elle qui comptait. Et sa main dans la mienne. Sa main que j’avais prise il y a quelques instants à peine, dans la mienne. Cette main que je sentais si chaude et si froide en même temps. Si douce. Ce regard qu’elle m’avait lancé, cette compréhension mutuelle, sans avoir à parler. Sans avoir à dire un mot. Je l’avais laissée m’entraîner dans le salon. Parce que je savais. Que c’était le moment. Notre moment. J’avais compris à son regard. Je retrouve ce sourire que j’avais perdu ces jours-ci, j’ai envie de retrouver la vie à ses côtés, celle que je n’osais plus voir ni imaginer. Cette pause à l’intérieur de ces murs, c’était la nôtre. Notre moment, notre temps, et j’aurai tellement voulu qu’il s’éternise. Tenir sa main dans la mienne un peu plus longtemps encore. La laisser prendre la mienne et nous laisser dériver ensemble, lentement, dans notre vie, dans notre ça, ce ça si spécial qui nous transporte.

Les autres sont là, avachis sur les canapés. La chaleur surement. Ils ne savent pas encore. Et nous nous savons. Ils doivent savoir eux aussi. Parce que tout le monde doit savoir. Que ce moment, que ces paroles, que ce geste, que tout cela, ça a un sens. Ils doivent savoir que tout cela, tout ce qui arrive, ce n’est pas juste un rêve, ou si… mais notre rêve. Je n’ai plus peur, parce qu’elle est là. Et je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie.

Nous… vous devez savoir que ça compte… Ana et moi… ce n’est pas un jeu… Et je ne veux pas que tout cela, ça s’arrête. Parce que je ne veux jamais lâcher sa main, et je ne veux jamais qu’elle lâche la mienne…

Je ne pensais pas que les mots viendraient si facilement. Je ne les pensais pas si faciles, je ne les pensais pas si doux. Je ne les pensais pas si proches et si vrais. Ils sont tout. Ils sont réalité. Notre réalité.

Je l’aime. Et nous voulons que ça compte… Aujourd’hui, et demain… tous les jours… Nous voulons être là, à chaque instant, l'une pour l'autre. Nous voulons vivre ce que nous avons à vivre, ensembles. Ne pas lâcher la main de l'autre, et nous promettre une chose. Une seule chose... De ne jamais laisser tomber... Nous voulons être la seule qui compte. Cela va vous sembler puéril, stupide, bête ou ridicule, mais on s'en fiche. Parce que pour nous ça compte. Je veux Ana à mes côtés à chaque moment et je veux être à ses côtés à chaque instant. Si quelqu'un a quelque chose à dire, qu'il le dise maintenant ou qu'il se taise à jamais... parce que nous voulons marier!

Et je serre sa main. Comme une demande que je n'ai pas même faite, parce que tout me semblait naturel. Parce que tout était naturel. Et parce que c'était la seule chose que nous devions faire. Et la seule chose que nous voulions faire. Et les autres devaient le savoir. Eux. Et les autres. Dehors. Tout le monde devait le savoir. Que notre temps, notre bulle, notre ça... ça existe réellement.

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