LUCAS

Vous deviez plutôt bien me connaitre, vous, derrière votre écran de télévision, depuis le temps. Lorsque j'avais une idée en tête, il m'était décidément impossible de me l'enlever du crâne. Et en ce beau jour ensoleillé, et alors que tous les candidats profitaient du ciel bleu pour se rendre dehors, j'avais décidé de jeter mon dévolu sur Lucas, le beau Lucas. Oh, j'avais bien retenu la leçon, oui, oui, oui, même qu'il me faisait un peu peur depuis la fois où il m'avait bousculé par inadvertance, renversant ainsi toute ma poche de bonbons. Lucas c'était le grand méchant loup à mes yeux, voilà. Mais un grand méchant loup qui ne cessait cependant de m'impressionner, oui, parce qu'une part de moi -inavouée- de cessait de le trouver grand, beau et fort, et donc, super classe. Voilà, Lucas était super classe. J'aurais bien aimé avoir un copain comme lui, vous savez, histoire que plus personne ne vienne me chercher des chichis, mais bon, je suppose que c'était irrémédiable, les garçons comme lui ne voulaient de toute évidence pas trainer avec des gamins comme moi. De toute façon, hormis lui parler du dernier disney qui était sorti, lui chanter Let it go version baryton ou lui présenter mes trois chats, Elvis, Oscar et Basile, il était évident que lui et moi n'allions jamais avoir les mêmes sujets de conversations. Enfin, un garçon dit "bad boy" comme Lucas, ça doit parler de veste en cuir, de moto, de football, de filles... enfin non de euh... 'meufs', et puis de sport aussi. Beaucoup de sport. Moi j'aime bien le sport, mais avec modération, en fait, je crois que j'aime seulement la course. C'est drôle de courir, et puis c'est vachement utile de savoir le faire. Pour rattraper un train, pour jouer au loup, pour fuir un agresseur... Enfin, enfin, toujours est-il que ça devait bien faire une demi-heure que je fixais sans relâche le grand blond qui se trouvait dans la piscine, d'ailleurs, il avait très certainement du le remarquer, puisqu'il n'arrêtait pas de jeter des regards dans ma direction, un sourcil arqué. Oui bon, je n'étais pas franchement discret non plus, il y avait presque marqué "i'm judging you right now" sur mon front. Toujours est-il que j'avais finalement décidé de m'approcher du bassin, de peur qu'il vienne me trouver de lui même. Coucou Lucas ! que je lâchais en tentant de prendre un air super impressionnant, comme ferait un vrai bonhomme comme lui -autant vous dire que ça n'avait rien de très convaincant. T'as renversé mes bonbons la dernière fois alors... alors... Tu m'en dois une ? J'avais presque envie d'ajouter "mais t'es pas obligé, hm ?" de peur qu'il s'emporte. Mais bon, il fallait que je prenne sur moi, j'étais grand après tout ! Alors voilà, pour te faire pardonner, tu vas devoir tomber amoureux de Jena ! T'en dis quoi ? T'es d'accord ?! Allez, dis oui... ou alors, hoche juste de la tête, ça me suffira. Oui bon, je m'emballais peut-être un petit peu, mais ça n'était pas de ma faute à moi, si ils allaient bien ensemble, tss.