The end is where we start from • Gaël & Mavis

La fin du prime. Je n’étais plus à l’antenne, et je ne le serais plus. J’avais quitté la maison. D’un côté, je ne pouvais pas prétendre être étonnée. J’avais été une simple feuille transparente dans la maison. Je ne servais à rien, ni pour le jeu, ni pour l’audience. Pourtant, j’avais commencé à créer quelques liens. Peu, je devais l’avouer, mais qui auraient dû être amplifiés. Je pensais à Ryan, à Laury, eux qui étaient toujours dans la maison, eux que l’on retrouverait dans la quotidienne demain. Ça me faisait mal au cœur de me dire que je n’y apparaitrais plus. J’étais venue pour parler de moi, de ma vie atypique et maintenant que j’avais déballé mon secret, j’avais l’impression que plus personne ne s’intéressait à moi. On avait utilisé toutes mes ressources, la seule chose pour laquelle j’étais importante et maintenant on me jetait comme un vulgaire mouchoir. Dure loi de la télé.

Enfin, c’était trop vite parler. A la seconde où on avait rendu l’antenne, j’avais été attaqué par une horde de journalistes. Et vas-y que je fais de toi la bête de foire, avec toutes leurs questions stupides ! Et pourtant je n’osais leur montrer à quel point je ne voulais pas leur répondre. Alors timidement, je lâchais quelques mots, toujours armée de mon petit sourire. J’avais l’impression de suffoquer, emprisonnée entre tous ces inconnus. Je sentis mes joues pâlir. Il fallait que l’on me sorte de là !

Je devais avoir un ange gardien, quelque part, pour que mes souhaits soient aussi vite réalisés. Un homme venait de surgir de nulle part – enfin non, pas de nulle part, on me l’avait présenté comme gagnant de la dernière saison – et s’adressait directement à moi.

• Bonsoir, n’aie pas peur. Je suis là pour t’aider, et pour te dire ce qui va se passer pour toi maintenant, d’accord ? Ne parle pas aux journalistes ce soir, ils déformeraient tout. Suis-moi.

Je ne comprenais pas. Que voulait-il dire ? Et puis pourquoi venait-il me voir moi en particulier ? Je le regardai avec des grands yeux ronds avant de lui sourire. Je n’avais absolument pas regardé l’émission l’année précédente – je n’avais même pas la télévision – mais je devais avouer qu’il avait un physique plutôt irréprochable. Peut-être que ça l’avait bien aidé pour gagner l’émission ! Enfin, j’étais mauvaise langue puisque je n’avais aucune idée de son histoire. Peut-être était-elle touchante. Je le vis s’éloigner, puis se retourner pour voir si je le suivais. Il souriait. Hésitante, perdue parmi tout ce monde qui m’effrayait, je pris une grande inspiration, demandai pardon aux journalistes et me frayai un passage pour le rejoindre.

• Je… je suis Mavis… lui indiquai à titre d’information. Comme s’il ne le savait pas, évidemment.