Ah, enfin elle est là, toute seule ! J’vais enfin pouvoir lui parler. Parce que j’en ai des choses à lui dire. Enfin, c’est surtout elle qui a des choses à me raconter. En à peine cinq jours, j’avais appris qu’il y avait une « histoire » avec James, qui l’avait perturbé, au point de lui donner envie de quitter le jeu. Et maintenant qu’elle est bel et bien de retour dans la maison, je constate qu’elle fait plus que flirter avec Carwyn… Franchement, j’suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Parce que moi, je connais la conception du couple de Carwyn, et j’pense pas qu’Alessandra puisse accepter ça. Ne serait-ce que le fait qu’il soit en couple à l’extérieur. Pour la personne qui l’attend dehors, tout va bien je suppose, mais pour Alessandra… Je sais que c’est une fille plutôt fragile, je l’ai su presque dès le début, lorsqu’elle a fondu en larmes en me parlant de son passé sous la douche. Mais malgré tout ça, je ne me permettrai pas de lui dire ce qu’elle doit faire ou non. Certes, on peut dire qu’une vraie amitié s’est installée entre nous, mais quand même. Par contre, je veux qu’elle m’en parle. A la limite, si elle ne veut pas me parler comme à un ami, qu’elle me parle comme si j’étais psy, je sais pas moi. Mais j’veux connaître toute l’histoire. Le passage de James à Carwyn. Je veux TOUT savoir !

Je m’assois à côté d’elle sur le canapé, et lui fais un bisou sur la joue.

Ça fait plaisir de te revoir dans la maison. Et t’as des choses à raconter à tonton Raph’ il me semble.

Je m’installe confortablement sur le canapé, les bras croisés, bien déterminé à découvrir toute l’histoire. C’est frustrant de ne pas savoir ce qu’il s’est passé dans cette Globular Room. Après tout, ils ont peut-être même fait une alliance tous les trois… Je sais pas moi, en cinq jours, dans UNE pièce, il se passe forcément des tas de trucs ! Je voudrais tout savoir, dans les moindres détails. Evidemment ça sera pas possible, mais je veux en savoir le plus possible ! Je regarde Alessandra, avec un regard plus que convaincant !

Grâce à mon message ? Ah donc ils pouvaient bien nous observer dans leur Globu Room ! Je me doutais, ils ont dû nous observer attentivement pendant cinq jours. Je voudrais tellement savoir tout ce qu’il s’y est passé. La mission qui leur a permis de trouver le secret de James par exemple, et de remporter CHACUN sa cagnotte. J’trouve ça injuste mais bon, j’vais pas faire de scandale. Pour moi c’est clair qu’ils ont été avantagé en étant enfermé tous les trois dans une pièce d’où ils pouvaient tout voir, mais bon, ce n’est pas exactement le sujet que je voulais aborder. Comment lui dire ce que je voulais savoir ? Je peux pas savoir, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je peux pas poser de questions bien précises. Mais bon, commençons par ses relations avec les deux autres Globu.

Ah mais oui, le massage ! Elle a pas oublié. En même temps je lui avais rappelé lorsque je m’étais adressé à elle après son message dans le salon. Et puis c’est pas le genre de choses qu’on oublie. Rien ne nous empêche de discuter pendant que je la masse. Je sais que c’est mieux avec une petite musique relaxante, mais tant pis. Je me lève donc du canapé.

Exact, ton massage. Je t’en prie, installe-toi.

J’attendais qu’elle retire son t-shirt et qu’elle s’allonge sur le ventre. En tout bien tout honneur ! Je sais que Carwyn partage mais quand même. Et puis je voudrais pas tout gâcher avec Alix. Une fois qu’elle fut installée, je me frottai les mains avant de les poser sur le bas de son dos. Je remontai doucement vers son cou, en appuyant convenablement. Une fois arrivé au niveau de son cou, je fais glisser mes mains de chaque coté de sa colonne vertébrale. J’exécutai ce mouvement plusieurs fois, avant de briser le silence relaxant qui s’était naturellement installé.

Alors, raconte-moi, ça s’est passé comment avec Alix ? Et je me trompe ou il se passe un truc avec Carwyn ?

Je fais un peu le naïf, c’est c’qu’il faut faire au début de ce genre de conversation. J’voudrais pas faire de boulette tout de suite… Je continue de la masser avec délicatesse. Son mal de dos a bien dû disparaître pendant son séjour dans la Globular Room, mais une promesse est une promesse.

Elle a la peau douce. Ça manque un peu d’huile de massage, mais ça a pas l’air de lui déplaire, c’est tout ce qui compte je crois. Mes mains se baladent sur son dos, mes pouces font des mouvements circulaires. Je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’elle me dit qu’Alix avait passé beaucoup de temps à regarder une certaine qui lui manquait… J’ose espérer que c’était moi. Sauf si… je sais pas moi, sauf si son secret est qu’elle est en couple avec un autre candidat de la maison. Quoi, c’est possible non ? Enfin, moi ça me plait bien de penser que c’était moi, alors je souris. Je me demande bien ce qu’ils ont vu, et ce qu’ils n’ont pas vu… Et puis ça doit faire bizarre de voir ses camarades sur un écran. J’aurais bien aimé tester cette pièce moi, vraiment. Enfin bref.

J’ai eu un léger temps d’arrêt lorsqu’elle m’annonça qu’elle était en couple avec Carwyn. Ensemble, vraiment ? J’ai du mal à y croire. En fait je pensais que leur jeu avait continué, et progressé. Mais pas qu’ils avaient décidé de se mettre ensemble. Est-ce qu’elle est vraiment au courant de tout ? Je ne pense pas, ça m’étonnerait qu’elle reste avec lui sinon. Enfin bon, je préfère pas mettre de l’eau dans le gaz tout de suite. Elle ne veut pas que je fasse de rapport avec James, mais justement, qu’est ce qui s’est passé avec James ? J’ai besoin de tout savoir pour me faire mes idées moi. Et pour pouvoir en parler ensuite ! Je reprends le cours du massage, comme si de rien n’était. Elle avait du bien sentir que j’avais été un peu surpris, mais je ne laissais rien paraître dans ma voix.

Je ferais pas de rapport avec James, mais qu’est ce qui s’est passé avec lui au fait ?

J’ai préféré ne pas faire de commentaire sur le nouveau couple qu’elle forme avec Carwyn. On verra ça après… J’hésite encore, je fous la merde ou pas ? D’un côté, ça me tente. Mais de l’autre, je les aime bien tous les deux, j’ai pas envie de faire de la peine à Aless, et j’ai pas envie d’emmerder Carwyn. Quel dilemme. Bon, je verrais, j’vais improviser, comme d’habitude.

Mes mains faisaient toujours des allers-retours, de haut en bas, sur son dos. Je m’attardai un peu sur le bas, avant de remonter progressivement. J’ai pas une longue carrière de masseur derrière moi, mais il parait que je me débrouille pas mal. D’ailleurs à chaque fois qu’un ami a mal au dos, c’est chez moi qu’il vient sonner. En plus Michael me fait de la pub. J’aurais presque pu ouvrir un salon. Mais ça serait moins drôle. Parce que j’aurais pas de commérages sur les gens que je connais. Si c’est pour faire comme chez le coiffeur et entendre parler du voisin du fils du père de l’ex-femme de la boulangère, c’est pas la peine. Là, c’était intéressant. Alessandra, James, Carwyn. Bon, j’avais pas raté grand-chose à propos de James. Elle s’était juste fait des idées. Pas étonnant avec James. Il fallait bien qu’il y en ait une qui se fasse avoir. Mais Alessandra s’en sort bien, elle se retrouve avec Carwyn. Ai-je vraiment le droit de tout gâcher maintenant ?

Non, bien sur que je n’ai pas le droit. Même si ça me tente. Et le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y succomber. Mais non, je ne vais pas le faire. Enfin je vais essayer. Mais je vais quand même prendre des risques, sinon la conversation serait bien fade. Mes mains glissent toujours sur son dos.

Ok, pas de commentaire. On passe à autre chose alors. Avec Carwyn, tu crois que c’est sérieux ? Je veux dire, tu crois que vous avez la même conception du couple ?

Elle est peut-être déjà au courant de tout, je sais pas moi. Si c’est pas le cas, m’en veux pas trop mon gaulois, mais c’est trop tentant. Le pauvre, il pouvait pas savoir à qui il s’adressait quand il m’a raconté tout ça. Et il avait peut-être pas prévu cette histoire avec Alessandra. Il y avait beaucoup de surprises dans cette maison. Moi-même je ne m’attendais pas à me retrouver dans une histoire « d’amour », et pourtant ma relation avec Alix y ressemblait. Je suis un vrai fouteur de merde parfois, je sais. Et le pire, c’est que j’aime ça.

Et voilà, vous voyez j’ai essayé de faire attention. Mais là c’est elle qui me demande. Elle m’incite. Je peux quand même pas faire comme si je savais rien. Ça serait à l’encontre de mon règlement. Mais en même temps, j’ai pas envie de la blesser. Et j’ai bien l’impression qu’elle est déjà bien attachée à Carwyn. Ça serait plutôt à lui de lui dire non ? Mais si c’est lui qui lui dit, je serais pas dans l’histoire, ça sera pas drôle. Et puis elle le prendrait peut-être bien. Non c’est moi qui dois lui dire. Elle va pas apprécier que Carwyn lui ait caché une chose aussi importante. Mais elle risque de se mettre à pleurer… Et je saurais pas comment la consoler. Parce que moi et les histoires de cœur… En attendant, je continue de la masser. Si je tarde trop, j’aurais pu le choix, il faut que je me décide.

Option n°1 : je lui dis tout, et je suis digne de mon statut de fouteur de merde. Option n°2 : je lui dis que ce n’est pas à moi de lui dire ce genre de choses mais à Carwyn. Option n°3 : je fais comme si je posais cette question juste comme ça, au hasard. Comme une question qu’on pose pour tous les nouveaux couples. Option n°4 : j’appelle Carwyn. Non, cette option est à bannir. Alors, quel est votre choix ? Option n°1 ? J’aurais du m’en douter. Je savais que vous aussi vous vouliez de l’action. Je me racle la gorge, toujours en parcourant son dos de mes mains.

Je suis pas sûr que je devrais te le dire, c’est pas à moi de le faire mais… maintenant qu’on a abordé le sujet. Dans une de nos discussions, Carwyn m’a avoué qu’il avait quelqu’un à l’extérieur. Mais j’ai bien compris qu’ils étaient libres, puisque vous aviez déjà commencé votre petit jeu de séduction.

Je marquais une pause. Ce que je viens de dire n’est pas anodin, il faut laisser les mots se poser. Mais je n’avais pas l’intention de m’arrêter là. Maintenant que j’ai réussi à me décider, autant y aller à fond.

Et puis… vu qu’il est bi, je serais pas étonné que ce quelqu’un soit un homme. Ça pourrait être sympa pour toi.

Je laissai échapper un rire. Un rire un peu sadique. J’avais pas de quoi être fier de moi, et pourtant, je l’étais. Ce que je peux être cruel.

Quoi ? C’est tout ? Non mais La Voix, c’est quoi ce casting, personne veut gueuler dans cette maison ! C’est dingue ! Je veux bien que la saison soit plus calme que les précédentes, mais là c’est abusé. Je viens de lui dire que son nouveau mec a déjà quelqu’un à l’extérieur, et elle est juste … surprise. Super, moi qui m’attendais à un scandale. Je veux un scandale, DONNEZ MOI UN SCANDALE ! Bon, je ne me laisse pas démonter aussi facilement. Peut-être qu’en insistant un peu… Je continue de la masser. Ça va bien faire dix minutes déjà, voire un quart d’heures. Elle pourra pas dire que j’ai pas tenu ma promesse. Et puis je dois avouer que c’est pas déplaisant, elle a vraiment la peau douce. Bon, je relance.

Evidemment que la personne à l’extérieur sait partager. Mais toi t’es prête à le partager ? J’ai un peu de mal à y croire. Je te connais peut-être pas parfaitement mais j’ai pas l’impression que ça soit ton genre, les ménages à trois.

Je sentais les muscles de son dos se tendre un peu. Allez, ça monte, je le sens. Je continue.

Enfin je dis ménage à trois mais je crois que Carwyn ne se refuse rien, alors trois c’est un minimum. Si ce que t’as vu de James ne t’a pas plu, j’me demande comment tu pourrais accepter ça. On est loin du couple qui prône la fidélité, si tu vois ce que je veux dire.

En fait je veux rien dire du tout, je veux juste qu’elle s’énerve un peu. Qu’elle ait envie de lui gueuler dessus. Une bonne scène de ménage. Je sais pas moi, un truc du genre « t’as d’autres trucs à m’avouer ou c’est bon ? faut dire que je vois pas ce qui pourrait être pire ! » Oh oui, c’est ça que je veux. Mais Alessandra a pas l’air d’être très bien parti… J’suis sûr que ça aurait marché avec Willow. Tiens d’ailleurs, peut-être que si je lui parlais de son mec, elle réagirait au quart de tour. Mais pour l’instant, je masse Alessandra, et je veux qu’elle réagisse ! Soit elle s’en fout complètement de Carwyn, soit elle préfère juste me cacher sa vraie réaction. Allez, SCANDALE !

Je suis sûr qu’on est tout près du scandale. J’en suis sûr, je le sens. Mais pourquoi elle explose pas ? Peut-être parce que je la masse ? C’est bien connu, les massages ça détend. Mais je veux pas la détendre moi là, je veux qu’elle s’énerve, qu’elle gueule, qu’elle SCANDALISE ! Ça se dit pas ? Si, mais pas comme ça ? Oh bref, je veux qu’elle fasse un scandale quoi ! Depuis que je les ai vu rentrer dans la maison tous les deux, main dans la main, je n’attendais que ça : pouvoir lui dire ce que je savais. Maintenant que c’est fait, elle va pas faire comme si elle s’en foutait quand même ! Elle a failli quitter le jeu pour une histoire qui n’avait même pas commencé avec James, et elle réagirait même pas à ça ? C’est juste pas possible.

J’arrête de la masser, et je m’assois sur le canapé, devant sa tête. Elle a murmuré un truc que j’ai pas entendu. C’était peut-être la phrase la plus intéressante, et évidemment c’est celle que j’ai pas entendu. J’y crois pas une seconde à ce qu’elle m’a dit. J’la sens pas du tout prête pour ce genre de relations. C’est pas du tout sa nature, ça se voit tout de suite. Elle essaye de faire quoi là ? De me convaincre ? De SE convaincre ? C’est peine perdue. Je dis pas qu’ils sont pas bien ensemble, au contraire c’est cool. Mais je sens déjà qu’Alessandra va prendre tout ça très au sérieux, et ça va exploser. Bien sur je n’attends que ça ! Alors je précipite un peu les choses. Enfin j’essaye. Et c’est pas si facile que ça de foutre la merde, croyez moi. J’aurais bien besoin d’un peu d’aide… Mais c’est pas pour maintenant je crois.

Je regarde ses cheveux, elle n’a pas encore relevé la tête vers moi. Je sais pas trop ce que je pourrais dire de plus. Normalement elle devrait déjà péter un câble là. Bon, j’ai pas le choix, je ressors le sujet James, encore.

Attends, tu vas me dire que t’as voulu quitter le jeu pour une pseudo-histoire avec James, alors qu’il est juste dragueur, et que tu es prête à t’adapter pour continuer ton histoire avec Carwyn alors qu’il est clairement libertin et qu’il l’assume. C’est pas que je veux pas que vous viviez ensemble, mais avoue que ça te ressemble pas. Mais après tout si tu sais dans quoi tu t’embarques, j’ai rien à dire. Moi j’veux juste que tu fasses attention à toi.

Je sors la carte de l’ami inquiet. C’est cruel, je sais, je suis cruel. Mais c’est drôle non ? Un peu au moins, avouez-le. On est dans Secret Story, il ne faut pas l’oublier. Alors y faut ce qu’il faut.

Et bah voilà, on y arrive. Le ton monte enfin un peu. Et c’est franchement mieux qu’avec Willow en fait. L’histoire du livre était trop ridicule, même si Willow avait été parfaite. Cette fois, l’histoire est réelle, le problème aussi. Et j’ai enfin réussi à faire réagir Alessandra. J’ai bien cru qu’elle avait un self-control inépuisable. Mais non, finalement, elle est comme tout le monde, elle finit par exploser. Enfin, elle explose gentiment. N’empêche qu’elle vient de me donner de la matière pour une super réponse. Je la regarde, incrédule.

Je joues celui qui veut que tu t’énerves ? Mais où tu vas chercher ça ? Pour qui tu me prends ? Je pensais qu’on était ami, alors tu vois comme un con tout ce que j’essaye de faire c’est de jouer mon rôle d’ami. Je me fous de savoir si ça va durer avec Carwyn, j’voulais juste que tu saches tout ce que tu as à savoir. Et puis arrête de te rabaisser comme ça, tu sais très bien que t’es pas une merde.

Je ne criai pas, mais presque. La conversation n’était plus aussi calme qu’elle avait commencé. Ce n’était pas exactement ce que je cherchais, mais ça ne me déplaisait pas. Je me lève du canapé, comme si j’étais vexé de ce qu’elle venait de dire. Je n’avais bien sur pas l’intention de quitter la pièce, mais dans toute scène il faut du mouvement. Je reste debout devant elle, la tête baissée pour la regarder.

Et je me fous pas de toi, loin de là. Maintenant si c’est ce que tu penses, on a qu’à arrêter de discuter.

Ça devient un vrai mélodrame. Pourtant le début de la conversation ne laissait pas présager cette suite. Mais franchement, c’est plutôt mal. Un peu de surprise de temps en temps, ça me fait pas de mal. Je m’adapte à mes interlocuteurs. J’espère qu’elle ne va pas se mettre à pleurer. Les larmes, ça casse tout en général. Quoi que, la situation n’était pas la même qu’avec Will. Larmes, pas larmes… Non, je préfère qu’elle s’énerve encore un peu. Mais par pitié, pas de baffe !

J’ai bien cru que j’allais encore y passer ! J’ai presque senti la chaleur de sa main sur ma joue, on peut dire que j’ai eu chaud. Mais finalement non, elle avait dû comprendre à temps qu’elle n’avait aucune raison de me gifler, moi. C’était plutôt à Carwyn que revenait cette baffe non ? Je suis quasiment persuadé qu’il ne l’aura pas, évidemment. J’ai eu un peu peur, j’ai même fermé les yeux quand je l’ai vu se lever et préparer sa main pour me gifler. Non mais ça va, j’ai déjà eu ma dose de gifles, je vais passer pour la tête à claques après. Et puis autant j’avais mérité la gifle de Willow, autant là… Non là je ne la méritais pas. Je peux souffler, Alessandra se rassit. Tout va bien.

Mais j’avais pas envie que ça s’arrête tout de suite moi ! Pourquoi on a l’air de deux idiots ? Mais non, on donne juste un peu de satisfaction au public. S’engueuler sur un vrai sujet ? Parce que c’est pas un vrai sujet ça ? Ok. Tant pis. Je vais trouver autre chose. Ou pas. Non parce que à force de devoir toujours foutre la merde, on est à cours d’idée, surtout quand on est seul à le faire. Tant pis. Elle m’attire sur le canapé. Je m’assois à côté d’elle, je réfléchis à ce que je pourrais dire. Quelque chose qui pourrait rendre la situation toujours aussi intéressante. J’ai pas envie d’oublier ce qui vient de se passer, au contraire. Et j’ai pas non plus envie qu’on arrête de discuter. Je tourne la tête vers elle.

D’abord, on est pas en train de s’engueuler, et puis je pense que c’est un vrai sujet. Mais si pour toi ça ne l’est pas, tant mieux, c’est que tu n’es pas si attachée que ce que je pensais à Carwyn. Et puis après tout t’as raison, ça me regarde pas, démerdez-vous.

Je regarde devant moi, histoire de bien faire comprendre que je m’en foutais vraiment. C’est vrai, je m’en fous. Je voulais un scandale, j’en ai toujours pas. J’commence à désespérer. J’ai au moins évité la gifle, c’est toujours ça. Et puis soudain, j’ai une illumination.

Je suppose que tu vas mal le prendre mais… cette histoire avec James, et puis Carwyn, ça me confirme l’idée que j’avais au début. T’es comme tous les autres, hypocrite. Et moi je suis trop franc, je sais. Mais quitte à choisir, je préfère largement la franchise.

Ça va partir en live, je le sens. Au départ je voulais pas m’engueuler avec elle, je voulais que ce soit entre Carwyn et elle. Mais encore une fois, c’est moi qui dois m’y coller… Promis, après ça, j’arrête de faire le méchant. Peut-être.

BIM ! Ça y est, là, j’ai réussi ! Un t-shirt en pleine face, c’est gagné ! Et ce regard noir… Là j’ai touché le jackpot ! Je trouve quand même dommage de m’engueuler avec elle, mais il faut c’qui faut comme je l’ai déjà dit. Elle s’est levée si vite que j’ai à peine eu le temps de réagir et bim, j’avais déjà le t-shirt devant les yeux. Je le prends aussi vite que je peux, pour la regarder. Et là, j’ai du mal à comprendre le vrai sens de ses paroles. Elle se casse ? Mais elle se casse comment ? Elle quitte la pièce, ça ok. Mais avec la suite, j’ai des doutes. Elle a l’intention de quitter le jeu c’est ça ? Je sais pas, je crois. Si c’est ça, c’est ridicule. Elle nous a déjà fait le coup une fois… Je la vois partir, se diriger dans le cellier et en ressortir avec sa valise.

Bon, je me lève, et je la suis. Mais qu’est ce que tu fais ? Aless arrête tes conneries. Elle entre dans le dressing et commence à ranger ses affaires dans sa valise. Elle a vraiment l’intention de partir ? Enfin je devrais plutôt dire, elle a vraiment l’intention de nous faire croire qu’elle veut encore partir ? Ça m’exaspère. En réalité, ça me fait un peu peur. Enfin pas vraiment peur, mais je voudrais pas qu’elle quitte le jeu pour ça. Pas à cause de moi. Je m’en voudrais. Un peu. Mais là, ce n’est pas à ça que je pense. Je suis toujours dans mon rôle. Le rôle du connard. Je l’adore, c’est vrai. J’attrape le bras d’Aless et la force à me regarder. Ce que je m’apprête à lui dire ne va pas lui plaire. Mais je n’ai pas envie de la supplier de rester, je suis sûr qu’elle n’attend que ça.

Qu’est ce que tu fais là ? Tu veux encore nous faire le numéro de la fille qui veut quitter le jeu ? T’en as pas marre ? C’est quoi le problème ? Tu trouves que t’as pas eu assez de réaction de la part des autres quand tu nous as annoncé que tu voulais partir alors que t’étais dans la Globular ? Tu trouves rien de mieux pour te faire remarquer ? Si c’est ça le truc, crois-moi tu te fais assez remarquer. Ça a marché une fois, ça marchera pas deux. J’y crois pas une seconde, alors évite de te fatiguer à ranger tes affaires si c’est pour les défaire dans une heure. T’es ridicule.

Je lâche son bras, et je la regarde. Je jette un œil à sa valise. Je suis pas totalement confiant, mais je tiens mon rôle. Mon regard ne trahit rien. On part loin là, mais ça en est que plus amusant. Je prends un de ses t-shirts qu’elle avait fourré dans sa valise et le remet à sa place. J’ai l’air déterminé et sûr de moi. Et pourtant. J’ai oublié de lui mentionner un détail.

Et puis tu me feras pas croire que tu vas laisser Carwyn dans la maison, alors que vous venez de vous mettre ensemble. T’as aucune raison de quitter le jeu.

Oui, le détail c’était Carwyn. Après tout, tout était parti de lui. Et maintenant ? Je la laisse devant sa valise en lui disant « vas-y casse-toi », ou j’essaye de tout rattraper pour qu’elle ne fasse pas de connerie ? Non, pour le moment, j’vais attendre sa réaction.

Oh la la, mais qu’elle est chiante à se rabaisser toujours comme ça. C’est quoi le truc ? C’est pour qu’on lui répète à longueur de journée que c’est pas une merde, que c’est une fille bien et qu’elle mérite d’être heureuse ? Ce genre de trucs, j’ai du mal à supporter. Et d’ailleurs en général je fais tout le contraire. C’est bien ce que j’avais l’intention de faire avec Alessandra. C’est pas en me disant qu’elle a conscience de passer pour une conne que je vais le nier. Et elle ose encore me dire que je ne suis pas sincère ! Je suis surement le plus sincère dans cette maison. Enfin… ça dépend des moments. Là par exemple, je le suis qu’à moitié. Ça me fait quand même rire qu’elle me parle de sincérité. Et puis l’aventure humaine, blablabla, que c’est niais. Dans les portraits diffusés sur le premier prime, on se fait tous passer pour des méchants prêt à tout pour gagner, et puis finalement tout le monde devient trop gentil. Et du coup moi j’me fais chier !

Elle va dans la salle de bain, puis revient pour lancer ses affaires dans sa valise. Mais elle a pas bientôt fini ? C’est ridicule, vraiment. Elle se donne du mal pour rien. Mettre toutes ses affaires dans sa valise pour devoir les ranger dans une heure, non vraiment je comprends pas. Mais elle attend sans doute que je la supplie de rester, que je lui dise que sans elle je ne veux pas continuer, ou un truc dans ce genre. Non, je ne le ferais pas. Je m’accroupis à coté de sa valise et commence à tout mettre en ordre, histoire de pouvoir tout faire rentrer. Je lève la tête vers elle.

Ok, tu sais quoi, si t’as envie de partir, et bah casse-toi. Abandonne, sois digne de la pauvre conne qui se fait avoir à chaque fois comme tu dis. Continue ton mélodrame pourri. Tu vois, je suis un bon ami, je t’aide même à faire ta valise.

Je vais vraiment très loin, et je ne suis pas sûr de pouvoir faire marche arrière quand j’en aurais envie. Je crois que j’ai bientôt fini. Je voudrais juste voir si elle peut s’énerver vraiment, et autrement qu’en s’insultant elle-même. C’est trop facile de s’en prendre à soi-même, et ça n’a rien d’amusant. C’est juste pathétique.

Bon ok, stop j’arrête. J’ai bien compris avec son MERCI qu’elle serait prête à quitter la maison rien que pour me prouver qu’elle en était capable. C’est con, mais c’est comme ça. Et elle n’est pas la seule à avoir le sens du défi, ou une fierté mal placée, tout dépend de comment on voit les choses. Moi-même, je suis comme ça. Il suffit qu’on me dise que je ne suis pas capable de faire quelque chose pour que je le fasse. C’est bien pour ça que j’adore le jeu entre Cox et moi. Il est tout simplement parfait pour satisfaire ce côté de ma personnalité.

Je la vois s’éloigner, probablement en direction du sas, puisqu’elle vient de me demander de lui apporter sa valise. Comme si j’allais le faire. Je l’aurais fait, dans d’autres conditions, en bon gentleman que je suis. Mais là, non, c’est juste pas possible. D’abord parce que si je lui apporte sa valise elle va vraiment penser que je veux qu’elle parte, et puis en plus j’ai pas envie de me casser le dos pour rien, puisqu’au final, elle va rester ! Je me précipite alors vers elle pour la rattraper par le bras. Je la regarde droit dans les yeux. Elle a l’air un peu énervé quand même. Mais plus déçue qu’énervé en fait. Oui, elle a vraiment l’impression d’avoir perdu un ami. C’est sur un ton plus que calme que je prononçais ces quelques mots.

Arrête un peu ton délire maintenant, c’est bon, stop. Tu vas rester, parce qu’il est tout simplement hors de question que tu quittes le jeu à cause de moi. J’ai été trop loin là, j’en suis conscient. Et je te remercie de pas m’avoir giflé.

Une esquisse de sourire se dessinait sur mon visage. Je ne suis pas sûr que ça suffise pour me faire pardonner, mais je dois d’abord évaluer l’étendu des dégâts pour pouvoir continuer comme il faut.

Je peux comprendre qu’elle ne sache plus vraiment comment réagir. Mais là j’ai fini de jouer le connard, je redeviens le Raphael cool et sympa. Je sais, c’est un peu brutal comme changement. Mais pour moi tout est clair, alors tant pis pour les autres. Ils n’ont qu’à pas chercher à comprendre. On passe juste à l’acte suivant, la scène est terminée. Je la regarde se diriger vers le canapé pour s’y allonger. Bon, je la suis, si je pars maintenant je vais tout gâcher. Je tiens juste à préciser qu’elle va devoir défaire sa valise… Moi j’dis ça, j’dis rien.

Je m’approche du canapé et prend son t-shirt qui était resté là. Je le laisse tomber sur elle en riant.

Je te rappelle que t’es à moitié à poil. Je sais que ça te dérange pas mais sois gentille avec la prod’, ils vont encore devoir flouter.

Je m’assois à côté de sa tête. On a presque l’impression de faire un retour en arrière. Mais non, je ne vais pas tout reprendre depuis le début. C’est que ça fatigue d’énerver les gens vous savez. Les pousser à bout, ça demande de l’énergie. Tout le monde ne s’en rend pas compte. Vous n’avez qu’à essayer, un jour, si vous en avez l’occasion.

Et pour la gifle, j’ai bien senti que j’en étais pas loin. Mais t’as réussi à te retenir, et je t’en remercie. Mais dis-moi, juste pour savoir … J’ai une tête à claque ou quoi ?

Je suis complètement détendu, je pousse un long soupir. L’ambiance est plus calme, ça fait pas de mal.